Total à la conquête du marché de l’énergie
Total n’en est pas à son premier rachat sur le marché de l’électricité. Déjà en juin 2016, le géant pétrolier avait annoncé le rachat de Lampiris, un fournisseur de gaz et d’électricité présent sur le marché belge de l’énergie depuis 2003, et qui s’est implanté en français en 2012. Un an après ce rachat, Lampiris devient Total Spring, affirmant alors son affiliation à l’entreprise.
Lors de son arrivée sur le marché, Total Spring s’est présenté comme un Free de l’énergie, avec pour objectif de casser les prix. En effet, le prix du kWh peut être jusqu’à 10% moins cher que les tarifs réglementés proposés par EDF (pour l’électricité) et Engie (pour le gaz).
La fusion avec le fournisseur alternatif va également permettre à l’entreprise de renforcer sa place sur le marché de l’énergie. Avant l’acquisition de Direct Energie, Total représentait 1% de part de marché en France. Désormais, l’entreprise possède 6.3% de part de marché, ce qui lui permet de prendre de une avance non négligeable sur ses concurrents. Aujourd’hui Total Spring c’est plus de 4 millions de clients contre 1.5 millions avant le rachat. L’objectif de Total avec cette fusion est d’obtenir 15% de part de marché à l’horizon 2022.
Ce rachat offre aussi la possibilité à Total d’améliorer ses capacités de production d’énergie. En effet, Direct Energie investit depuis maintenant plusieurs années dans le financement de centrales électriques et parcs éoliens, grâce sa filiale Quadran. La capacité de production va donc être très fortement augmentée. Le géant, qui exploitait 900 mégawatts de centrales à gaz et d’énergies renouvelables, ajoute 1.35 gigawatts à ce qu’il possédait déjà avec :
- 800 mégawatts issus des centrales à gaz
- 550 mégawatts d’électricité renouvelable
Cette fusion est gagnante pour les deux parties puisque Total va pouvoir obtenir une place plus important sur le marché de l’électricité verte et la transition énergétique, tandis que Direct Energie pourra tenter de se développer à l’international grâce à l’appui financier du grand groupe.
Fun Fact Depuis 2016, Direct Energie sponsorise une équipe de cyclisme vendéenne : la Team Direct Energie, qui en est à plus de 63 victoires en 2 ans et demi.
Les détails du rachat
En avril 2018, Total a annoncé le rachat du fournisseur d’énergie alternatif Direct Energie, principal concurrent des deux fournisseurs historiques EDF et Engie (ex-ERDF).
Le groupe pétrolier a ainsi acquis 74.33% du capital de Direct Energie, le numéro 3 du marché de l’électricité et du gaz. 1.4 milliards d’euros, c’est la somme qu’a déboursé Total pour effectuer ce rachat, soit 42€ par action. Les actions du fournisseur, qui avaient auparavant une valeur de 32,24€ ont alors connu un boom en Bourse, faisant passer la valeur de Direct Energie à 1.9 milliards d’euros.
Ce rachat n’est pour l’instant pas effectif puisqu’il doit être soumis à un processus légal d’information et de consultation de la Commission européenne des instances représentatives du personnel concernées. La validation de l’offre ne se fera que dans le courant du deuxième semestre de 2018, mais celle-ci a déjà été validée par le conseil d’administration de Direct Energie.
L’avenir de Direct Energie
Direct Energie est un groupe né de la fusion entre Direct Energie et Poweo, qui étaient tous deux des fournisseurs alternatifs. A l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence en 2007, Direct Energie s’est présenté comme un pionnier sur le marché et a réussi à se faire un nom face au monopole d’EDF et Engie. Mais que va-t-il se passer pour le fournisseur et ses employés ?
Les dirigeants de Total ont déjà annoncé qu’ils souhaitaient maintenir Xavier Caïtucoli, PDG et cofondateur de Direct Energie, à la tête de l’entreprise en tant que PDG de la nouvelle entreprise. Son objectif principal sera de s’assurer que les emplois soient conservés.
Quant à savoir si le nom Direct Energie sera préservée, le géant pétrolier n’a pas encore pris de décision même si le but sera de fusionné Total et le fournisseur alternatif pour ne plus avoir qu’une seule entité.
Ce rachat inquiète cependant les associations de consommateurs qui ne voient pas d’un très bon œil cette fusion. En effet, la concentration autour de gros acteurs de l’énergie pourra casser la bataille des prix que se livrent les fournisseurs et donc entraîner une augmentation de ces derniers.
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