Les énergies grises, pas si vertes !

La tendance actuelle tend au respect de l’environnement. Cela devient un argument marketing très répandu, les labels de faible consommation se multiplient. Afficher la consommation énergétique d’un produit est même obligatoire !  Mais il reste néanmoins un oublié de taille dans cette histoire : les énergies grises.

 

Qu’est-ce que l’énergie grise ?

Il paraît évident quand on parle de coût énergétique de penser généralement à l’énergie nécessaire à un produit pour fonctionner. C’est le cas notamment des voitures et de leur carburant. Mais si le fonctionnement d’un produit est très énergivore, ce n’est pas son seul versant : l’énergie grise d’un produit peut être très importante !

Commençons par comprendre la définition du terme ”énergie grise”. Cela désigne l’énergie que l’on ne voit pas et qui est pourtant consommée par un produit, notamment lors de sa fabrication. Toute cette énergie dépensée en douce, que nous ne voyons pas, d’où vient-elle?

Le cycle de vie d’un bien comporte de nombreuses étapes, qui demandent toutes de l’énergie :

> extraction et traitement des matières premières

> fabrication et assemblage des pièces

> acheminement des matières premières, pièces et produits finis

> stockage

> emballage

> destruction ou recyclage en fin de vie

Les étapes sont nombreuses, et même si nous le voyons pas, elles nécessitent une quantité importante de matières premières, et ont un coût élevé en énergie !

 

Le saviez-vous ?

En anglais, l’énergie grise se dit “embodied energy”, ce qui pourrait se traduire par “énergie incorporée”. Cela signifie que l’énergie grise est incluse dans le produit, mais invisible.

L’exemple du smartphone

Les smartphones sont aujourd’hui devenu des objets du quotidien, qui nous accompagnent partout. Mais ils sont loins d’être respectueux de l’environnement !

Une étude de l’ONG France Nature Environnement et L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) s’est penchée sur le sujet.

Les smartphones sont composés en moyenne de 70 matériaux différents, traités lors de 180 étapes d’extraction, de traitement, de production. Leur impact écologique est donc énorme, d’autant plus que depuis 2007, 7 milliards de smartphones ont été vendu dans le monde. Toujours selon cette étude, les ¾ de l’empreinte énergétique des smartphones concernent sa fabrication. Le quart restant concerne leur utilisation et leur destruction. Seuls 15% des smartphones usagés sont collectés afin d’ėtre recyclés…

Comment la mesurer ?

Il existe une méthode pour mesurer ce que représentent les énergies grises d’un produit. Cela s’appelle l’Analyse de Cycle de Vie, aussi appelé ACV. Elle mesure les effets qu’ont un produit,  une entreprise ou encore un service sur l’environnement, et l’énergie utilisée lors de leur cycle de vie. Ces impacts sont évalués de façon quantifiable, afin de pouvoir comparer les consommations énergétiques. Elle prend en compte toutes les étapes de la vie du bien.

Pour réaliser une ACV, il faut se baser sur l’analyse des fluxs entrants (matières premières et énergies utilisées), et les flux sortant (déchets et pollution produits).

Les classes énergétiques des produits (A+++ pour les plus performants, D pour les plus consommateurs) sont un indicateur de consommation en usage des produits. Cela se trouve sur les appareils électroménagers et les véhicules.

Un frigo de catégorie A+++ consomme jusqu’à 2 fois moins qu’un classe A !

Des problèmes de localisation

Les bilans énergétiques par pays ne sont pas représentatifs. Les préoccupations climatiques et environnementales ont poussé à mesurer les impacts environnementaux des Etats. Petit problème : ces chiffres prennent uniquement en compte le lieu de production des produits, et non d’utilisation. Avec sa politique de développement industriel rapide et sa main d’oeuvre bon marché, la Chine est l’un des pays les plus pollueurs au monde.

Mais le bilan des pays développés est tronqué : les importations et exportations de produits ne sont pas prises en compte. Un produit fabriqué en Chine mais exporté et utilisé en France ne comptera pas dans le bilan énergétique de la France. Si ce critère était pris en compte, la facture énergétique de la France serait deux fois plus élevée !

Comment faire pour limiter notre dépense d’énergie grise ?

La consommation de biens est sujette à discussion : quand on possède un appareil ancien, qui consomme beaucoup, est-il vraiment pertinent de le changer pour un nouveau qui consomme moins ? La réponse n’est pas si évidente, la seule consommation de l’appareil ne suffisant pas à faire ce choix.

En effet, le coût de production en énergie d’un produit est désigné sous le terme de dette énergétique. Plus le produit est utilisé, moins sa dette est importante : c’est le principe de rentabilité énergétique.

Prenons l’exemple du frigidaire. Si un particulier possède un ancien appareil qui fonctionne mais consomme beaucoup, il n’est pas forcément intéressant de le remplacer avec un nouveau reviendrait à accumuler deux dettes sans rentabiliser la 1ère !

L’ancien produit peut avoir une dette qui n’a pas été rentabilisée. S’équiper d’un nouvel appareil ne serait alors pas responsable d’un point de vue énergétique. L’énergie qu’il a fallu dépenser pour fabriquer le nouveau frigidaire peut représenter des années d’alimentation pour l’ancien !

Les acteurs de l’énergie jouent un rôle crucial dans la gestion et la transformation du secteur énergétique. En examinant de près leurs actions, nous identifions également les implications de l’énergie grise, soulignant ainsi la nécessité d’adopter des pratiques durables pour l’ensemble du cycle de vie énergétique.

Mis à jour le 18 Avr, 2024

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Jade Nguyen

Rédactrice experte des sujets liés à l'énergie

Commentaires

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Franc Vidalinc
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Enfin une bonne analyse