La France est le deuxième producteur mondial d’énergie nucléaire, devant la Russie et derrière les Etats-Unis. On dénombre pas moins de 19 centrales nucléaires sur tout le territoire français comptant ainsi 58 réacteurs aux différentes puissances. Il s’agit du parc le plus important du monde compte tenu de la population. En Europe, 14 des 28 pays membres de l’U.E. ont des réacteurs en service mais la France est de loin le plus grand producteur. En effet, sa production représente 48 % du total européen.

Une dépendance des pays européens

Pour la France, les échanges d’électricité avec les autres pays lui permettent de réguler la production et la consommation électrique. Ainsi, il existe un équilibrage de l’offre et de la demande. En effet, le solde exportateur de la France a augmenté ces dernières années créant une surcapacité nucléaire dans le pays.

Le saviez-vous ?

Au début des années 80, le solde exportateur était nul alors qu’en 2002 il était de 77 TWh, un record pour la France.

Entre 1990 et 2016, le solde exportateur moyen s’élève à 57,5 TWh. Ce chiffre a en effet fluctué selon les années. Par exemple en 2016 et 2017, il était tombé à 39,1 puis à 36,2 suite à plusieurs réacteurs indisponibles.

Deux perspectives se dessinent pour l’avenir. Une première visant au développement des énergies renouvelables pour substituer l’énergie nucléaire et la seconde au développement du renouvelable pour s’ajouter au nucléaire. C’est cette dernière qui nous intéresse, car elle permettrait de renforcer une surcapacité évacuée grâce à l’augmentation des exportations.

Deux scénarios RTE ont vu le jour pour atteindre cet objectif : Ampère et Volt. Ampère prévoit la diminution de la part du nucléaire dans la production d’électricité sans recours à de nouveaux moyens thermiques. Ainsi, si le développement des énergies renouvelables est suffisant, des réacteurs pourront être arrêtés. Ce scénario permet de connaître la date à laquelle sera atteint l’objectif des 50 % de nucléaire dans le mix énergétique de la France. Dans le scénario Volt, il est prévu un développement accéléré des énergies renouvelables et une évolution de la part du nucléaire en fonction des opportunités économiques. Cette version permet d’obtenir une diversification du mix auquel est intégré un pilotage économique variant en fonction des débouchés de la production française sur les marchés européens.

Toute cette surcapacité en énergie nucléaire sera donc destinée à l’exportation. Ainsi, dans ces deux scénarios, le solde exportateur triple par rapport au niveau actuel pour atteindre 134 TWh pour Volt et 159 TWh pour Ampère.

Le gouvernement souhaite faire baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité en France. En effet, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire souhaite ramener la part du nucléaire à 50 % d’ici 2025.

Le saviez-vous ?

134 TWh, c’est l’équivalent de la production de 20 réacteurs nucléaires.

Un risque économique et une rentabilité incertaine

La multiplication du solde exportateur par trois a peu de chance de se produire. En effet, ce résultat fait suite au refus de fermer des réacteurs pour laisser place aux énergies renouvelables. Par ailleurs, cela suppose que les autres pays européens auront une politique d’importation massive d’électricité nucléaire. Or, ces pays-là ont eux aussi l’objectif de maîtriser la consommation et le développement des énergies renouvelables. Ainsi, les deux scénarios précédemment mentionnés représentent un haut risque économique pour le nucléaire français puisque ils présentent un risque majeur de dégradation de la performance économique des réacteurs nucléaires.

Une offre supérieure à la demande créerait une surcapacité et donc une baisse des prix du marché de l’électricité. Les producteurs d’électricité seraient alors confrontés à des problèmes de rentabilité s’ils étaient amenés à couvrir les besoins en France et en Europe. Des études ont évalué qu’en 2030, les parcs nucléaires supérieurs à 50 GW ne seront pas rentables. Par ailleurs, plus le prix du marché est bas, plus les énergies renouvelables coûteront cher aux contribuables car elles seraient moins rémunérées. Pour résumer, si la France ne ferme pas suffisamment de réacteurs nucléaires, les énergies renouvelables pèseront davantage dans le budget de l’Etat, ce qui freinera pour sûr leur développement.

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