Fukushima : rappel des faits

Le 11 mars 2011, Fukushima a été frappé d’un séisme de magnitude 9, suivi d’un tsunami qui a totalement détruit les côtes du Japon. En plus d’enlever la vie à plus de 20 000 personnes, cet évènement a entrainé une véritable catastrophe nucléaire. Bilan de la journée : trois réacteurs nucléaires sont entrés en fusion, accompagnés de nombreux incendies et explosions.

Il s’agit là d’un accident nucléaire de niveau 7 sur l’échelle INES, c’est-à-dire le plus haut niveau d’accident qui puisse arriver. Seule la catastrophe de Tchernobyl a été qualifiée de niveau 7.

Les réacteurs de la centrale nucléaire ont d’abord résisté aux secousses du séisme. Grâce à un processus de protection, les réacteurs sont mis à l’arrêt, la réaction en chaîne est stoppée. Le refroidissement des systèmes continue néanmoins, grâce à des groupes électrogènes de secours, l’électricité étant coupée. C’est 1 heure plus tard que l’accident est arrivé, au moment du tsunami. Les vagues successives entraînent la submersion des réacteurs, ainsi que des groupes électrogènes. La digue de 6 mètres de haut n’a pas réussi à arrêter les vagues de plus de 14 mètres. Les réacteurs ne sont plus refroidis, et entrent ainsi en fusion partielle. La formation d’hydrogène provoque de multiples explosions, en entrant en contact avec l’air extérieur.

Qu’est-ce qu’une zone d’exclusion nucléaire ?

Pour protéger les populations, une zone d’exclusion nucléaire a été mise en place autour de la centrale nucléaire de Fukushima. Cette zone a pour but de faire évacuer les habitants présents sur le territoire suite à une catastrophe nucléaire, afin d’éviter les retombées radioactives causées par les explosions des réacteurs de la centrale. C’est donc ce qui a été fait autour de la centrale nucléaire de Fukushima, sur plus de 20km. Les habitants ont été évacués, et la zone désertée. C’était la meilleure solution à appliquer pour éviter que les populations ne soient irradiées.

Vers une réouverture totale de la zone d’exclusion ?

Un projet de réouverture

Cependant, il faut bien que cette zone d’exclusion nucléaire prenne fin à un moment ou à un autre. Le Japon a décidé qu’il était temps qu’elle prenne fin, et a pour souhait de réouvrir totalement le territoire autour de la centrale nucléaire d’ici 2022-2023. Cette réouverture se ferait progressivement.

Le saviez-vous ?

Depuis 2014, la zone inaccessible est de plus en plus réduite. Elle est passée de 1150 km2 à 340 km2 en avril 2019. C’est donc six des douze communes concernées qui ont vu leur ordre d’évacuation être levé.

Pourquoi réouvrir ?

L’objectif de la réouverture de la zone d’exclusion est de permettre de relancer l’économie de cette zone. La volonté du gouvernement japonais est de voir, d’une part, les populations revenir vivre sur le territoire, et d’autre part, d’inciter les jeunes à venir installer leurs entreprises.

Des subventions seraient mises en place pour aider les jeunes à s’y installer. Au départ, c’est plus de 95 000 personnes qui vivaient aux alentours de la centrale nucléaire. Depuis l’accident, seuls 20% d’entre eux y sont retournés y vivre.

Un site encore contaminé ?

Zoom sur les politiques de décontamination qui avaient été mises en place

Pour permettre de décontaminer les terres qui avaient été irradiées au moment de l’explosion, des politiques de décontamination avaient été mises en place.

Les substances radioactives qui ont été libérées dans l’atmosphère ont tendance à rester dans la couche superficielle de la terre. Ce ne sont donc que les premiers centimètres de terre qui sont affectés par les radiations. Si l’on n’agit pas dessus, les substances radioactives pourraient rester coincées deux siècles dans l’environnement.

C’est donc pour cette raison que le gouvernement japonais a entrepris en 2013 une décontamination des terres. Le principe : enlever 5 cm de terre sur les sols. Ce fut un réel investissement, à la fois économique et humain.

Le saviez-vous ?

Le projet a coûté 24 milliards d’euros, et a mobilisé de plus 16 000 personnes. Sans compter les 20 millions de mètres cubes de déchets qui ont été ramassés, qui sont à l’heure actuelle stockés près du site.

Un arrêt de ces politiques de décontamination

Si les terrains qui sont habités par les populations ont pu être décontaminés, ce n’est pas le cas pour les territoires environnants la centrale nucléaire, qui eux sont loin d’être décontaminés. Le gouvernement japonais a pour projet d’arrêter les politiques de décontamination. Même si les zones habitées ont pu avoir des politiques de décontamination, cela ne suffit pas. En effet, le taux de contamination n’est toujours pas stable dans ces zones. Il serait donc nécessaire de les continuer jusqu’à arriver à avoir un taux faible qui puisse se stabiliser.

Les territoires naturels sont quant-à-eux loin d’être décontaminés. Même si leur superficie représente 70% du territoire, il est impossible d’entreprendre des politiques de décontamination. Pour y arriver, il faudrait enlever la partie supérieure du sol. Cela voudrait dire enlever tous les arbres présents sur cette surface, ce qui n’est absolument pas envisageable.

Une contamination de l’eau ?

Il n’y a pas que les terres qui sont contaminées, puisque les eaux le sont aussi. En fait, au moment de l’accident nucléaire, de l’eau a été utilisée afin de permettre le refroidissement des réacteurs qui étaient entrés en fusion. Puisque cette eau n’avait pas pu être rejetée dans son milieu naturel, elle avait été stockée dans des réserves autour de la centrale.

Aujourd’hui, la question se pose de savoir que faire des eaux contaminées stockées. En effet, celles-ci prennent de plus en plus de place, il devient donc urgent de déterminer comment s’en débarrasser. Il est estimé que les réservoirs seront tous pleins d’ici l’été 2022. Afin de refroidir les coeurs des réacteurs, pour éviter une nouvelle catastrophe, ils sont régulièrement arrosés d’eau. Ce qui a pour conséquence d’utiliser énormément d’eau, et donc d’en contaminer toujours plus.

Mais alors, quelle est la solution ? Les relâcher dans l’océan ? Cela entraînerait une contamination importante du milieu naturel. De nombreux spécialistes sont opposés à cette solution, ce qui paraît plutôt normal quand on voit le désastre écologique que cela engendrerait. Mais les spécialistes ne sont pas les seuls. D’après un sondage réalisé auprès des populations locales, 57% d’entre eux sont contre cette possibilité. Les pêcheurs notamment sont préoccupés. Les Nations Unies ont également exprimé leur désaccord vis-à-vis de cette solution.

C’est pourtant l’option qui a été choisie par le gouvernement japonais. Avant d’être rejetée, l’eau va subir un traitement, afin de la débarrasser de ses éléments radioactifs.

D'autres solutions envisagées

D’autres solutions avaient été étudiées, comme le stockage de l’eau sous terre, ou encore l’évaporation par pulvérisation, mais n’ont pas été retenues.

Quelles sont les conséquences sur les sols ?

Si le point positif est que les sols ont pu être décontaminés, il se pose néanmoins la question de la fertilité de ces sols. En effet, comme évoqué précédemment, au moment de la décontamination des sols, 5 cm de terre ont été enlevés. Pour palier ce manque de terre, un mélange de granite a été disposé. Cependant, cela ne garanti pas que les terres auront le même taux de fertilité.

En dehors de cette problématique, il faut aussi se demander si les déchets radioactifs qui pourraient être restés sur les terres ne contamineraient pas les plantes qui pourraient éventuellement pousser dessus. Cela pourrait poser problème, surtout si les activités agricoles reprenaient sur ces terres. Il est légitime que les populations soient réticentes à consommer des produits alimentaires qui ont poussé sur les terres de Fukushima.

Un retour de la vie sauvage ?

Depuis que les populations ont été contraintes de quitter les lieux, de nombreux experts ont aperçu que les animaux sauvages reprenaient de plus en plus leurs droits sur le territoire. C’est une vingtaine d’espèces sauvages qui ont refait leur apparition dans ces lieux.

Le nombre d’animaux présents est élevé malgré le fort taux de radioactivité dans ces zones. Si aucun comportement anormal n’a été observé de la part de ces animaux, cela ne veut cependant pas dire qu’ils sont en bonne santé. On peut juste voir que d’apparence ils sont normaux. Les espèces présentes sont variées, on peut observer par exemple :

  • des civettes
  • des macaques japonais
  • le renard roux
  • des sangliers
  • l’ours noir d’Asie

Des habitants contraints de retourner vivre là-bas ?

Les habitants ont-ils l’obligation d’y retourner ?

La réouverture de la zone d’exclusion a des conséquences désastreuses pour ses anciens habitants. Qui dit suppression de la zone d’exclusion dit suppression des subventions existantes. La majorité des populations qui ont dû déménager pour fuir les zones de contamination ont trouvé accueil dans des refuges extérieurs aux zones contaminées. Ils pouvaient y loger grâce aux subventions accordées.

Cependant, puisque le gouvernement japonais souhaite réhabiliter les anciennes habitations, les personnes ne vont plus pouvoir bénéficier de subventions. Or, s’ils ne bénéficient plus de subventions, alors ils devraient payer un loyer. Or la plupart des personnes sont sans emploi ou sont des personnes âgées. Elles n’ont donc pas les moyens de payer un loyer tous les mois. Cela veut dire qu’elles vont être contrainte de retourner vivre dans leurs anciennes habitations, et donc vivre dans un territoire qui n’est pas complètement décontaminé.

Les habitants qui retournent vivre là-bas ne courent-ils pas de risques ?

Les risques que les habitants peuvent courir sont assez incertains. Ce qui est sûr, c’est que les zones résidentielles ont été décontaminées, même si on ne peut pas être certain qu’il n’y a plus aucun risque de radiation. Cependant, comme nous l’avons expliqué précédemment, les plus grandes superficies, comme les forêts n’ont pas subi de décontamination. Q’est-ce que ça veut dire ? Cela signifie que la radioactivité des forêts pourrait entraîner une nouvelle contamination des zones habitées. En effet, il n’est pas impossible que les substances radioactives soient, à terme, transportées par les fleuves ou rivières.

Fukushima, des leçons tirées pour l’avenir ?

L’accident de Fukushima pourrait être d’une grande aide pour l’avenir. En cas de nouvelles explosions de centrales nucléaires, le gouvernement japonais pourra réagir plus vite et mieux. Les stratégies qui ont été appliquées pour cette centrale nucléaire pourront servir d’exemples pour les éventuels prochains accidents.

Cet accident a également servi plusieurs pays, comme la Suisse, qui a pu faire tester toutes les centrales nucléaires sur son territoire. En effet, l’Union Européenne possède des tests de résistance, afin de déterminer le niveau de sécurité des centrales nucléaires. Le principe de ce test est le suivant : vérifier que la centrale résisterait en cas de catastrophe naturelle comme un tremblement de terre, un tsunami ou des inondations.

Cet accident a donc pu permettre à certains pays de vérifier leurs installations, afin d’être sûr que ces dernières ne présenteraient pas de risques et ne constitueraient pas un potentiel danger pour les populations.

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