Paris, New-York, Shanghaï, toutes les grandes métropoles essaient de verdir leur quotidien et de réduire la pollution sous toutes ces formes! Dans un contexte de prise de conscience écologique, les villes ont plus que jamais leur rôle à jouer pour amorcer la transition écologique.

Premier secteur émetteur de gaz à effet de serre (23% du total des GES), les transports sont les premiers concernés quand il s’agit de changer nos habitudes pour construire un monde plus respectueux. Dans ce domaine, la ville de La Rochelle excelle. Le 06 Novembre 2017, elle a inauguré Yélo H2, premier bus maritime propulsé à l’hydrogène. A cette occasion, nous avons rencontré Brigitte Desveaux, Vice-Présidente de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle chargée des transports et de la mobilité, qui nous a livré les secrets d’une politique urbaine de transport ambitieuse.

La Rochelle, ville ambitieuse en matière de transport

Fière de la politique de sa ville, Brigitte Desveaux nous en a dit plus sur l’intermodalité rochelaise, inscrite dans l’histoire de la ville. La Rochelle est en effet connue pour avoir mené beaucoup d’expérimentations et de veille technologique dans ce secteur afin de l’appliquer ensuite à ses services publics de transports. Bien avant Paris, elle expérimentait dès 1976 le concept de vélo en libre service et a même introduit un service d’autopartage dès 1998. Les fameux vélos jaunes ont d’ailleurs inspiré à la Communauté d’Agglomération de La Rochelle le nom de la marque sous laquelle elle a souhaité regrouper l’ensemble des services de transports présents sur l’agglomération : Yélo.

L’objectif était avant tout de rendre plus intelligible et plus simple la mobilité des rochelais. Cette marque intègre ainsi sous un même nom l’ensemble des exploitants de transports présents dans l’agglomération et met à disposition des utilisateurs une carte à puce utilisable sur l’ensemble du territoire. Il manquait cependant à la ville les outils numériques pour offrir aux visiteurs de passage la possibilité de profiter aussi simplement des transports de manière ponctuelle pour des événements comme le festival des Francofolies. Elle a donc conçu une application mobile capable d’offrir ce service.

Le résultat de ces années de politique de développement de transports en commun porte ses fruits. La Rochelle est ainsi devenue, selon la Vice-Présidente de la Communauté d’Agglomération, la deuxième ville cyclable de France. Sur l’ensemble de l’agglomération, 7% des déplacements sont effectués à vélo, un chiffre qui grimpe jusqu’à 15% au sein même de la ville. Les vélos jaunes connaissent aussi un franc succès auprès des étudiants.

Depuis 2014, l’ensemble  de la politique de transport et de circulation de la ville a été revue : en plus de mener des campagnes de sensibilisation, la ville et l’ensemble du réseau de transport en commun ont été reconfigurés pour donner la priorité aux piétons (notamment sur le vieux port) et aux véhicules fonctionnant à l’électricité. Désormais, la ville n’achètera plus de bus diesel mais des bus à motorisation propre. La flotte électrique fonctionnera dans les parties urbaines les plus denses pour épargner les habitants du bruit et de la pollution liés à la circulation. Les lignes plus longues desservant le reste de l’agglomération fonctionneront quant à elle au gaz. Mais encore une fois, pour un service le moins consommateur d’énergie fossile possible, l’Agglomération souhaite encourager de manière locale la production de biométhane par la méthanisation. Deux projets sont donc en cours d’étude et permettraient d’alimenter une partie du réseau de bus de manière durable, à partir des déchets agricoles et citoyens.

Mesurée en permanence grâce à la Fédération ATMO, la qualité de l’air en ville a été sensiblement améliorée depuis 3 ans et les rochelais ont pu en prendre connaissance lors de réunions publiques d’informations et de sensibilisation.

Yélo H2 : première expérience de motorisation hydrogène en milieu maritime salin

Depuis maintenant 8 ans, la Rochelle utilise une technologie pour réduire l’impact de ses transports maritime: deux bus de mer électrosolaires.Rechargées à quais, les batteries embarquées permettent d’effectuer des traversés entre le Vieux-Port et le Port des Minimes. Des panneaux solaires augmentent l’autonomie des bateaux en assurant l’alimentation électrique de l’instrumentation.   

Aujourd’hui, l’agglomération de La Rochelle a choisi d’aller encore plus loin et de jouer pleinement son rôle de collectivité locale: soutenir les projets innovants. Sollicitée par Alternative Energie, le porteur de projet des précédents bateaux, La Rochelle a accepté de mener une nouvelle expérimentation dont l’objectif est de tester l’utilisation de piles à combustible fonctionnant à l’hydrogène. Elle a été lancée en partenariat avec Michelin Recherche et Technique,  HP Systems, EVE System et l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard et se déroule du 26 Octobre 2017 au 31 Août 2018. Basée sur la réaction chimique entre l’hydrogène et l’oxygène qui produit de l’électricité, cette technologie permet de doubler l’autonomie des bateaux électriques, sans bruit et sans aucune pollution : les piles à combustible rejettent uniquement eau et chaleur. La puissance énergétique de l’hydrogène est nettement supérieure à celle d’une batterie classique ce qui permet d’importantes économies d’énergie en terme de coût et la prolongation de la durée de vie des batteries. Une station de recharge à hydrogène provisoire a été installée sur les quais du port et permet de recharger les bonbonnes d’hydrogène présentes à bord.  Au terme de l’observation des résultats menée par l’université de Montbéliard et les autres partenaires, l’objectif est de pérenniser les installations de rechargements, de proposer d’autres bateaux dotés de cette technologie et à terme de construire une station de distribution au public. Plus puissants et autonomes, les bateaux pourront désormais se rendre plus loin et dans des endroits plus agités et ainsi desservir d’autres ports de l’agglomération.

Pour permettre la mise en place de ce test, il a fallu en amont obtenir de nombreuses autorisations et élaborer un dialogue entre les différents acteurs et également les citoyens. Ces derniers ont montré une curiosité et un engouement motivants, ce qui démontre qu’ils sont prêts à accueillir l’innovation.

L’agglomération rochelaise n’est pas à court d’idées pour aller plus loin dans l’intégration et l’intermodalité des transports. Elle espère ainsi pouvoir ajouter à son réseau un service de vélos électriques afin que les citoyens de l’agglomération puissent rallier La Rochelle en deux roues.

Mais ses ambitions sont parfois freinées par la législation. Alors qu’elle a expérimenté une navette autonome transportant 12 passagers, la loi ne permet pas à l’heure actuelle de pérenniser cette installation. Brigitte Desveaux et la Communauté d’Agglomération de la Rochellent sont cependant optimistes quant à l’évolution de la loi et reconnaissent le rôle moteur de l’Union Européenne dans ce type de réflexions.

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