Entre 2002 et 2011, les émissions annuelles de CO2 étaient 54% au-dessus du niveau de 1990. Et à l’horizon 2100, les températures moyennes à la surface de la planète pourraient augmenter de 4.8°C. A l’échelle mondiale, l’agriculture, la déforestation et les autres utilisations des terres sont responsables de 25% des émissions de gaz à effet de serre. C’est dans ce contexte que les gouvernements cherchent à trouver des solutions viables, notamment en mettant en avant l’agroforesterie.

L’agroforesterie, qu’est-ce que c’est ?

L’optimisation du sol

L’agroforesterie est un système qui repose sur la combinaison de la production agricole et de la culture d’arbres et/ou de buissons, afin d’utiliser les terres de façon optimale. Ainsi, sur une même parcelle s’associe la plantation d’arbres à d’autres cultures, dans la perspective d’obtenir des effets bénéfiques réciproques. Ce système n’est donc pas une innovation, mais plutôt un retour aux sources, puisqu’il repose sur les techniques d’agriculture ancestrales. L’agroforesterie permet donc d’avoir une meilleure utilisation des ressources mais aussi une plus grande diversité biologique, ce qui aura, in fine, une incidence sur la planète. Cette technique est par ailleurs accessible à n’importe quel type d’agriculture.

Comment ça fonctionne

Le fonctionnement de l’agroforesterie est plutôt simple. L’arbre, de par son système racinaire, va aller chercher l’eau en profondeur puis va la mettre à disposition des cultures de surface.

Fonctionnement agroforesterieDans un champs de blé, la culture puise ses nutriments dans les 30 cm supérieur du sol, entraînant alors son appauvrissement qui est le plus souvent compensé par une utilisation accrue des engrais chimiques. L’agroforesterie, en puisant dans les différentes strates du sol, représente donc un bon moyen pour lutter contre son appauvrissement. L’arbre va donc devenir une pompe à nutriments qui permettra, grâce à ses racines, mais aussi la chute de ses feuilles, d’enrichir le sol. Il est d’ailleurs conseillé d’utiliser plusieurs espèces d’arbre pour ne pas tomber dans la biculture, et protéger les plantations des dégâts de la monoculture, mais aussi pour puiser à différentes profondeurs.

La planification

Pour faire un système agroforestier satisfaisant, il est nécessaire de faire une planification, tous les espaces n’ayant pas les mêmes besoins. Il est ainsi recommandé de planter entre 50 et 100 arbres par hectare, sur des parcelles recevant beaucoup de précipitations et qui sont protégées du gel. Il est également possible d’opter pour des arbres fruitiers qui apporteront un revenu supplémentaire dû à la revente des fruits. Les arbres de forêts seront, quant-à-eux, des alliés idéals pour produire du bois.

Les apports des arbres pour l’agriculture

Augmentation de la productivité

L’un des bienfaits de l’agroforesterie le plus facilement quantifiable est l’augmentation du rendement du terrain. Ainsi, une parcelle agroforestière de 100 ha, produit autant qu’une parcelle de culture traditionnelle de 136 ha. Cela représente donc un gain de productivité de 36%. Cette augmentation résulte bien sûr d’une meilleure utilisation des ressources et du milieu naturel. De plus, l’arbre permet de créer un microclimat qui protège les plantations des variations de température, ce qui permet de réduire les accidents climatiques.

Diversification de la production

Comme nous avons pu l’aborder plus haut, le recours à l’agroforesterie permet de diversifier la production des parcelles. Ainsi, l’exploitation agricole se voit enrichie de plusieurs sources de revenus différentes : productions agricoles, bois d’énergie, fruits, fourrage…. C’est cette diversification qui pourra permettre de rentabiliser l’investissement.

Bénéfice sur la qualité du sol

Qualité du solLes arbres permettent de restaurer la fertilité du sol, car ils restituent une grande partie de leur matière organique, via la chute des feuille et la décomposition des racines. De plus, les arbres ont une véritable capacité de dépollution des nappes phréatiques tout en les chargeant en minéraux et en détruisant les nitrates. Enfin, le système racinaire des arbres augmente la réserve d’eau des sols et améliore dans le même temps l’infiltration du ruissellement. Les feuilles et les branches interceptent et emmagasinent l’eau de pluie, réduisant la descente vers le sol. Cela permet donc de limiter l’érosion des sols mais aussi les risques d’inondations.

Restauration de la biodiversité

Les forêts abritent 80% de la biodiversité terrestre. Les arbres sont donc aussi profitables pour les animaux sauvages. Ainsi, mettre en place une agroforesterie permet de restaurer l’habitat naturel des espèces sauvages en mettant à leur disposition de la nourriture et des abris pour les mois d’hiver. Les arbres et arbustes fruitiers seront une source importante de nourriture tandis que les arbres à feuillage dense pourront apporter un abri contre les températures froides. Restaurer la biodiversité est donc essentiel pour l’environnement mais aussi pour les plantations puisque les animaux pourront éviter la propagation d’éléments nuisibles à la culture. Il est en effet très rare de voir des maladies de propager dans les forêts : cela démontre donc très bien qu’une biodiversité efficace permet de réguler l’écosystème.

Stockage du carbone

C’est bien connu, les arbres représentent un atout pour lutter contre les changements climatiques. Ils sont d’excellents puits de carbone, puisque 99% de la matière solide de l’arbre provient du CO2 atmosphérique. Ainsi, un chêne à maturité peut conserver jusqu’à 3 kg de CO2. Une parcelle agroforestière absorbe 0.75 gigatonnes de carbone en 1 an, sur les 9.75 gigatonnes émise annuellement dans le monde. Les arbres permettent donc de lutter contre le réchauffement climatique et d’enrichir le sol grâce à l’azote qu’ils capturent dans l’atmosphère.

Les bienfaits de l'agroforesterie

Le financement du projet

Combien ça coûte ?

Le coût moyen de l’implantation est de 14 à 17 € par arbre en parcelle cultivée et 20 à 40 € en élevage. A l’année, les arbres coûtent entre 28 et 69 € par hectare, sachant que cette dépense peut être compensée par des aides, voire par les gains qui pourront être réalisés grâce aux arbres. La plantation est l’étape qui prend le plus de temps puisque pour 50 arbres à l’hectare, il faut une demi-journée de préparation puis une journée de plantation. Il faut également prendre en compte que les arbres nécessitent une taille régulière.

Les aides financières

En tant que parcelle agricole, les parcelles agroforestières sont éligibles aux aides du premier et du second pilier de la PAC. Pour les agriculteurs qui choisissent de passer à ce système, il n’y a donc pas de risque de perdre les aides. Il faut cependant faire attention au cumul des aides couplées, notamment dans le cadre d’une association de plusieurs cultures. Il faudra alors faire un choix entre les deux primes. Les régions et les départements peuvent également venir en aide pour la plantation des arbres.

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