Le rapport de la Commission Énergie 2050

Mise en place en Septembre 2012 par le ministre de l’Energie de l’époque, Eric Besson, et présidée par le professeur d’université Jacques Percebois, la Commission Énergie 2050, chargée de mener une analyse des différents scénarios possibles de la politique énergétique pour la France à l’horizon 2050, avait rendu sont rapport définitif après trois mois de réflexion, le 13 janvier 2012.

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Ce rapport « Énergie 2050 » analyse plus particulièrement la situation à l’horizon 2030, car pour 2050, les anticipations sont très compliquées à faire. Des évolutions technologiques sont fort probables et la plupart des scénarios étudiés se limitent à l’horizon 2030. Ce rapport se décompose en quatre principaux chapitres.

Analyse de la situation actuelle

Premier chapitre : la problématique énergétique mondiale

Le premier chapitre a présenté une analyse complète de la problématique énergétique à l’échelle mondiale, en se basant notamment sur les travaux de l’Agence internationale de l’énergie, Européenne ensuite, en analysant la feuille de route Energie de la Commission européenne et en examinant les stratégies que développent deux pays européens, l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour répondre aux enjeux climatiques. Ces stratégies sont différentes : le Royaume-Uni a décidé de construire de nouvelles centrales nucléaire, alors que l’Allemagne a confirmé sa volonté de sortir du nucléaire.

Deuxième chapitre : les défis de l’énergie en France

Le deuxième chapitre a examiné le système énergétique en France et les défis auxquels celui-ci va être confronté sous l’effet de contraintes certes internationales, mais aussi propres à la France. Cette analyse a permis de mettre en évidence l’impact du “mix” énergétique au niveau macroéconomique (balance commerciale, emploi, indépendance énergétique..)

Troisième chapitre : analyse de scénarios énergétiques

Ce chapitre a recensé les différents scénarios de prospective énergétique publiés, relatifs à la France, avant de les comparer en termes de demande, d’offre puis d’enjeux plus transverses à l’économie, tels que les investissements, les coûts de production de l’électricité ou encore les emplois. L’analyse a été menée en se référant aux contraintes et incertitudes mises en avant dans le deuxième chapitre. Les analyses présentées portaient essentiellement sur le secteur de l’électricité.

Cette analyse a donné une vision du devenir énergétique européen et n’a pas porté sur les scénarios établis par la Commission européenne car les chiffres relatifs à l’évolution de chaque État membre n’avaient pas encore été publiés.

Quatrième chapitre : les différentes options liées au nucléaire

Le dernier chapitre a été consacré à l’analyse des quatre grandes options envisagées par le ministère de l’Énergie à savoir : la prolongation de la durée de vie du parc nucléaire, l’accélération du passage à la troisième voir la quatrième génération de réacteurs, la réduction progressive du nucléaire et enfin la sortie compète du nucléaire.

Recommandations de la Commission Énergie 2050

Malgré l’étendue et la complexité des sujets à traiter, la Commission a réussi à résumer ses travaux en huit recommandations avec en premier lieu de « faire de la sobriété et de l’efficacité énergétique une grande cause national » notamment dans les secteurs des transports et du bâtiment.

Recommandation n°1

« Faire de la sobriété et de l’efficacité énergétique une grande cause national : lancer des appels à proposition afin de mobiliser la R&D et l’innovation dans ce domaine en privilégiant les secteurs du bâtiment et des transports »

Recommandation n°2

« Pour chaque décision de politique énergétique, évaluer le cout et l’effet sur les finances publiques, sur la balance commerciale, sur les émissions de CO2 et sur l’emploi (à la fois en postes et en qualifications créés), par comparaison avec une décision différente, afin de dégager des priorités. »

 Recommandation n°3

« S’interdire toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des injonctions de l’Autorité de sûreté nucléaire. »

 Recommandation n°4

« Mettre en œuvre une politique de vérité des prix de l’énergie et des émissions de CO2, en traitant de façon spécifique le cas de la précarité et celui des industries grosses consommatrices. »

Recommandation n°5

« Prendre l’initiative de proposer à nos principaux partenaires européens un réexamen en profondeur des règles du marché intérieur de l’énergie : ce réexamen doit permettre le financement des investissements nécessaires, en particulier ceux destinés à répondre à la demande d’électricité à la pointe, et doit assurer la cohérence des décisions des acteurs. »

Recommandation n°6

« Envisager une initiative dans le domaine de l’harmonisation internationale des règles et des pratiques de sûreté nucléaire afin de les faire converger vers le niveau le plus élevé »

 Recommandation n°7

« Maintenir, voire accroître l’effort de recherche publique dans le domaine de l’énergie, en coopération internationale et en accordant une priorité absolue aux programmes mis en œuvre conjointement par des laboratoires publics et des entreprises innovantes, grandes ou petites, capables de s’attaquer au marché mondial. Les renouvelables et le stockage de l’énergie devront recevoir une attention toute particulière. »

  Recommandation n°8

« Ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit mais, afin de ne pas compromettre l’avenir, maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de la génération 4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel paraît la meilleure solution (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’Autorité de sûreté nucléaire). »

Source: Strategie.gouv.fr

Les objectifs de la loi sur la transition énergétique selon le président de la Commission Énergie 2050, Jacques Percebois

Les limites du rapport : quelques incompréhensions ?

D’après Benjamin Dessus, président de l’association Global Chance, « Ce rapport confond le système énergétique et la production d’électricité, qui ne pèse que 25% de l’ensemble. Toute la problématique de la consommation et se sa maîtrise est évacuée »

Il a affirmé que « le concept de la transition énergétique est réduit à la seule question de la diminution des émissions de CO2, alors que le seul endroit où on parle encore de d’effet de serre, c’est dans le nucléaire ». Or la transition énergétique est l’affaire de tous, il convient à chacun de faire une simulation de sa facture EDF pour connaitre sa consommation théorique et la comparer avec sa consommation réelle. Cet état des lieux permet ensuite de savoir comment réduire sa consommation pour diminuer sa facture et aider la planète.

D’autre part, ce rapport considère que l’électricité nucléaire fait partie des énergies primaires, qui sont en fait des énergies disponibles dans la nature avant toute transformation, ce qui est incorrect.

Enfin, le rapport Énergie 2050 ne tient pas du tout compte des engagements du gouvernement quant à la réduction de la consommation énergétique ou du développement des énergies renouvelables, ce qui constitue une autre erreur factuelle de ce rapport.

Ainsi, des biais méthodologiques ainsi que quelques erreurs contribuent à servir une vision pro-nucléaire. Il faut toutefois garder à l’esprit que de nombreuses trajectoires et possibilités restent ouvertes et que malgré les divergences d’opinions, les experts s’accordent à dire que peu importe la voie privilégiée, la sobriété et l’efficacité énergétique sont de véritables leviers à actionner pour diminuer le déficit de la balance commerciale nationale de la France en matière énergétique.

Mis à jour le 18 Avr, 2024

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Jade Nguyen

Rédactrice experte des sujets liés à l'énergie

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