Pas de médaille pour la planète

Qu’ils se déroulent durant l’été ou l’hiver, les Jeux Olympiques (JO) représentent l’un des évènements sportifs les plus importants au monde. Que ce soit en termes de nombre de participants, d’infrastructures ou encore de diffusion, peu de compétitions sportives peuvent rivaliser avec les célèbres JO.

10 500 athlètes participent aux Jeux Olympiques d’été contre 3000 pour les JO d’hiver.

Malheureusement, il y a également peu de compétitions qui peuvent se targuer d’avoir un pire bilan carbone que les Jeux Olympiques. Dès le début des années 70, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’impact environnemental des JO, mais ce n’est que depuis quelques années que le Comité international olympique (CIO) a décidé de prendre des mesures avec pour objectif des Jeux au bilan carbone négatif d’ici 2030.

Cependant, les objectifs en matière de protection de l’environnement fixés avant chaque olympiade sont rarement tenus. Pour mieux s’en rendre compte, faisons un retour sur quelques-unes des dernières éditions.

Vancouver 2010 : des JO “verts” mais un manque de neige

Les Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver (Canada) organisé en 2010 devait être selon les organisateurs les premiers JO verts”. Pour y parvenir, le CIO avait mis en place de nombreux efforts comme :

  • La construction d’infrastructures à partir de bois récupéré ;
  • L’installation de systèmes de récupération d’eau de pluie ;
  • L’utilisation des énergies renouvelables pour chauffer certains lieux.

Mais, alors que tout se déroulait pour le mieux, un inconvénient majeur et indépendant de la volonté des organisateurs va se présenter : le manque de neige. Cette dernière est alors acheminée vers le site de Cypress Mountain par camions ou hélicoptères sur des milliers de kilomètres.

Le secteur des transports est aussi pointé du doigt comme étant responsable de fortes émissions de CO2 durant les Jeux de Vancouver. En effet :

  • Une autoroute reliant Vancouver à Whistler a été agrandie ce qui a causé une augmentation du trafic routier ;
  • Une ligne de métro a été construite entre l’aéroport et le centre de Vancouver ;
  • Des bus ont été acheminés par camions depuis le Québec (soit plus de 4000 km de route).

Ainsi, beaucoup ont dénoncé le fait que le développement des transports en commun ou durables n’a pas été intégré dans l’organisation des Jeux Olympiques de Vancouver.

Le saviez-vous ?

Malgré quelques défaillances, les émissions de gaz à effet de serre des JO de Vancouver ont été inférieures de 15% aux autres éditions.

Sotchi 2014 : des routes au milieu d’un parc naturel

Avant même de commencer, les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi (Russie) étaient déjà un désastre écologique. Afin d’accueillir les épreuves et de recevoir les participants et spectateurs, de nombreuses forêts autour de la ville de Sotchi, située sur les bords de la mer Noire, ont dues être totalement rasées pour construire des routes, des infrastructures sportives ou desjo sotchi 2014 hébergements. Ce fut notamment le cas de certaines parties des forêts du Caucase, classées au patrimoine mondial de l’Unesco.

De nombreuses associations écologistes ont également mis en lumière l’impact de ses travaux sur la biodiversité de la région. “Des parties entières du parc national ont été entièrement détruites, alors que c’était l’une des régions les plus riches en termes de vie animale. Les infrastructures coupent les routes migratoires des animaux. On trouve désormais des décharges en plein air, illégales la plupart du temps, où sont abandonnés les matériaux de construction, des polluants, etc” expliquait Seuren Gazaryan, un zoologiste membre du groupe de surveillance environnementale du Caucase Nord en exil en Estonie.

Le saviez-vous ?

L’organisation des Jeux Olympiques de Sotchi a coûté plus de 40 milliards d’euros ce qui fait de ces JO les plus chers de l’histoire.

Rio 2016 : un bilan carbone démentiel

Comme lors des éditions précédentes, le CIO voulait que les Jeux de Rio (Brésil) soient placés sous le signe du respect de l’environnement. Dans cette optique, l’organisation avait pris des mesures fortes comme la dépollution de la baie de Guanabara ou encore un programme de reforestation (24 millions de plants d’arbre prévus).

Au moment de dresser le bilan environnemental des Jeux, la réalité a froidement rattrapé les organisateurs. En effet, les Jeux Olympiques de Rio en 2016 ont été un véritable fiasco :

  • 8 millions de mètres cubes d’eau ont été utilisés ;
  • 17 000 tonnes de déchets ont été générées ;
  • 3,6 millions de tonnes de CO2 ont été émises dans l’atmosphère.

Cependant, le problème environnemental va au-delà de ces chiffres et perdure jusqu’à maintenant. En raison de la corruption et d’un manque globale de moyens, de nombreuses infrastructures construites à l’occasion des Jeux sont à l’abandon. C’est notamment le cas du parcours de golf, construit sur une zone naturelle protégée, totalement abandonné mais dont la construction a eu des effets irréversibles sur la faune et la flore locale.

Pyeonchang 2018 : La dégradation d’une forêt primaire

Après les bilans carbone plus que mitigés des JO de Vancouver et Sotchi, les organisateurs s’étaient fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone lors des Jeux Olympiques de Pyeonchang (Corée du Sud).

Le point positif est que les organisateurs ont retenu les leçons des précédentes éditions et ont décidé de miser sur les transports en commun et les énergies renouvelables dans le but d’économiser l’émission d’environ 6500 tonnes de CO2 :

  • Construction d’une ligne de trains à grande vitesse entre l’aéroport de Pyeonchang et les lieux de compétition ;
  • Voitures électriques ou à hydrogène pour les employés ;
  • Construction de champs d’éoliennes et installation de panneaux photovoltaïques pour alimenter les bâtiments en électricité verte.

Cependant, ses efforts n’ont pas permis d’atteindre la neutralité carbone et les émissions de gaz à effet de serre ont même été de 1,6 millions de tonnes. Plus grave encore, pour construire des pistes de ski, une grande partie d’une des forêts primaires de Corée a due être rasée. Elle s’est vu amputée d’un peu moins de 80 hectares ce qui représente environ 60 000 arbres.

Initialement protégée par le Service de Protection des Forêts de Corée, cette forêt a été déclassée en raison des Jeux Olympiques de Pyeonchang.

Quelles pistes pour le futur ?

Objectif : un bilan carbone négatif

À l’occasion d’une réunion de sa commission exécutive, le CIO a annoncé qu’à partir de 2030 les Jeux Olympiques d’été et d’hiver afficheront un bilan carbone négatif.

“Le changement climatique est un enjeu d’une ampleur sans précédent, qui exige une réponse sans précédent. À long terme, nous voulons faire plus que réduire et compenser notre impact. Nous voulons nous assurer qu’au sein du mouvement sportif, nous sommes à l’avant-garde de l’action menée au niveau mondial pour lutter contre le changement climatique et laisser un héritage tangible et positif à la planète. Planter une forêt olympique est l’un des moyens qui nous permettra d’atteindre cet objectif” explique Thomas Bach, le président du Comité international olympique.

Afin de remplir ses objectifs, le CIO travaillera main dans la main avec les différents comités d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) à travers des mesures qui devront figurer dans le contrat hôte (engagement entre l’hôte des Jeux, le Comité National Olympique du territoire correspondant et le CIO). Ainsi dès 2030, les COJO devront :

  1. Limiter et compenser les émissions de carbone directes et indirectes ;
  2. Mettre en place des solutions durables avec zéro émission de carbone.

Un évènement est neutre en carbone lorsque les économies de carbone réalisées sont supérieures aux émissions.

Qu’est-ce que le projet “Grande Muraille verte” ?

La “Grande Muraille verte” est un projet mené conjointement par le CIO et le Programme des Nations Unis pour l’environnement (PNUE). Son objectif est de lutter contre la désertification du continent africain en mettant en place des mesures de reforestation.

Le CIO viendra en aide aux populations de la région du Sahel afin d’atténuer et de s’adapter aux effets du changement climatique.

Quelles mesures pour les Jeux Olympiques de Tokyo ?

Avant même le début des Jeux de Tokyo (Japon), le COJO de Tokyo 2020 avait pris la décision de mettre l’accent sur les énergies renouvelables et la compensation carbone.médailles olympiques tokyo 2020

Le comité d’organisation a ainsi fortement affiché ses ambitions écologiques pour cette édition 2020 qui se déroule du 23 juillet au 08 août 2021 suite au report en raison de la pandémie de Covid-19 :

  1. Les 18 000 lits mis à disposition des athlètes sont en carton réutilisable (ils seront recyclés à la fin des Jeux) ;
  2. Les médailles sont fabriquées avec de l’or, de l’argent et du bronze provenant de 5 millions de téléphones portables recyclés ;
  3. Les podiums sont construits à partir de 24,5 tonnes de plastique collecté par la population.

“La commission de l’urbanisme et de la durabilité de Tokyo 2020 a toujours défendu les Jeux de Tokyo 2020 comme un modèle de société durable, avec toute une série d’initiatives telles que des médailles créées à partir de matériaux urbains et des podiums en plastique recyclé” a déclaré Komiyama Hiroshi, le président de la commission de l’urbanisme et de la durabilité de Tokyo 2020.

Grâce à l’absence de spectateurs dans les stades et l’interdiction d’accueillir des touristes étrangers, le bilan carbone des Jeux de Tokyo a été revu à la baisse. Selon les dernières modélisation, il devrait s’élever à 2,7 millions de tonnes de CO2 provenant essentiellement de la construction de nouvelles infrastructures (1,5 millions de tonnes de CO2).

engagements environnementaux jo tokyo 2020

 

Paris 2024 : enfin des Jeux au bilan carbone négatif ?

Dès après l’annonce de l’attribution des Jeux Olympiques de 2024 à la ville de Paris, la question écologique a été placée au cœur des préoccupations. Anne Hidalgo, la maire de la ville, a bien entendu poussé en ce sens avec l’ambition de faire de Paris 2024 les premiers Jeux Olympiques au bilan carbone négatif.

D’après les premières estimations, les Jeux de Paris 2024 devrait s’en sortir avec une empreinte carbone de “seulement” 1,5 millions de tonnes de CO2. Ce chiffre est rendu possible par plusieurs facteurs :

  • 95% des installations nécessaires au déroulement des compétions sont déjà construits ;
  • Les nouvelles constructions permanentes seront à faibles émissions de carbone ;
  • L’utilisation des transports en commun sera fortement privilégiée ;
  • 95% des visiteurs devraient venir d’Europe.

Le saviez-vous ?

L’organisation de Paris 2024 va également travailler de concert avec les fournisseurs d’énergie français afin d’alimenter le village olympique en électricité et gaz plus propres.

L’organisation compte également développer au maximum le principe de compensation carbone. Ainsi, pour toutes les émissions qui ne pourront pas être évitées, un “plan de compensation volontaire” sera réparti sur 5 continents. L’objectif de ce plan est d’aller au-delà de la neutralité carbone en compensant même les déplacements internationaux des visiteurs ou encore en soutenant des projets en France. Pour en savoir davantage sur les engagements écologiques de Paris 2024, consultez ce site.

30 millions d’euros seront uniquement dédiés à la compensation carbone.

Sources :

  • Olympics, “Les Jeux Olympiques afficheront un bilan carbone négatif à partir de 2030”, 04/03/2020 ;
  • We Demain, “Jeux olympiques : Quel est l’impact carbone des compétitions ?”, 19/05/2021 ;
  • EcoCO2, “Jeux Olympiques de Pyeonchang : un bilan environnemental encore mauvais”, 27/02/2018 ;
  • Libération, “L’environnement, éternelle victime collatérale des Jeux olympiques”, 09/02/2021 ;
  • Paris2024, “Ambition environnementale” ;
  • Novethic, “Jeux Olympiques : Tokyo pourrait rafler la médaille d’or de l’écologie”, 23/07/2021.

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