Qu’est-ce qui explique l’accélération de l’inflation ?

Pourquoi cette inflation ? Il s’agit d’un phénomène non pas exclusivement français, mais européen, lié à la réouverture des activités et économies mondiales après les restrictions contre le Covid-19. Avant de détailler les raisons plus exactes de la tendance inflationniste en Europe et dans le monde, nous vous en présentons les chiffres principaux.

L’inflation en quelques chiffres

Il existe plusieurs façons de mesurer le taux d’inflation actuel. Néanmoins, l’indice habituellement retenu par l’Insee et sur lequel nous nous fondons est l’indice national d’inflation, qui reflète l’évolution des prix de consommation.

Selon cet indice national d’inflation, le prix à la consommation a donc augmenté, cette année, de 2,6% cet octobre 2021, suivant le chiffre de 2,2% mesuré en septembre. On note donc une augmentation de 0,4% sur le mois d’octobre lui-même, ce qui s’inscrit dans la tendance de toute cette année 2021.

Voici les variations progressives de l’indice d’inflation notées de mois en mois cette année 2021, jusqu’en octobre, selon les chiffres mesurés par l’Insee :


Mois Indice Variation mensuelle Glissement annuel
janvier 2021 105,12 + 0,2% + 0,6%
février 2021 105,12 + 0,0% + 0,6%
mars 2021 105,75 + 0,6% + 1,1%
avril 2021 105,86 + 0,1% + 1,2%
mai 2021 106,2 + 0,3% + 1,4%
juin 2021 106,34 + 0,1% + 1,5%
juillet 2021 106,4 + 0,1% + 1,2%
août 2021 107,05 + 0,6% + 1,9%
septembre 2021 106,81 – 0,2% + 2,1%
octobre 2021 107,25 + 0,4% + 2,6%


Il est également possible de mesurer l’inflation en se fondant sur l’IPCH (Indice des prix harmonisés), selon lequel la hausse annuelle des prix serait actuellement de 3,2% en France. Cet indice est davantage adapté à des comparaisons avec d’autres pays.

Enfin, l’indice d’inflation sous-jacente indique une hausse de 1,4% sur un an en octobre, selon l’Insee, suivant une hausse précédente de +1,2% en septembre. Cet indice renvoie davantage vers l’évolution à long-terme de l’inflation, c’est-à-dire vers une tendance qu’on observe.

Voici des chiffres supplémentaires relevés par l’Insee, qui servent en partie à mesurer l’indice d’inflation :

  • Les prix de l’énergie ont augmenté de 20,2% en octobre 2021, suivant leur hausse de 14,9% au mois de septembre.
  • On note une accélération des services également, avec une hausse de 1,8% après celle de 1,4% en septembre.
  • Les prix du tabac ont augmenté de 4,8% en octobre, de même qu’en septembre.
  • Le prix des produits alimentaires voient en octobre une hausse de 0,7%. Cela représente néanmoins un ralentissement par rapport aux mois précédents.
  • Le prix des produits manufacturés, eux, ont augmenté de 0,3%, ce qui est également une amélioration.

Qu’en est-il des autres pays de l’Union Européenne ? La France n’est bien entendu pas la seule à être touchée par cette conjoncture économique, et on remarque même que selon les mesures de l’Insee, elle se porte plutôt mieux que d’autres pays. En voici quelques chiffres à titre indicatif :

  1. L’Allemagne présente un taux d’inflation de +5% sur cette année 2021.
  2. Au Royaume-Uni, les chiffres de septembre 2021 indiquaient une inflation de +3,1%.
  3. En Russie, l’inflation est plus sévère, atteignant une hausse de 8,1% sur un an.
  4. En Espagne, la hausse est de 5,4% en octobre 2021.

Pourquoi cette inflation en 2021 ?

Ce que montrent ces chiffres, et notamment la hausse annuelle de 2,6% en octobre 2021, c’est que l’inflation déjà observée au cours de cette année semble durer plus longtemps que ce qui était initialement estimé. Pourquoi cette inflation, et pourquoi accélère-t-elle ?

On remonte sans surprise au contexte de la pandémie Covid-19. En effet, les restrictions mises en place pour contrer le virus avaient ralenti l’activité professionnelle, industrielle, et donc économique en France et bien sûr dans le monde entier.

C’est maintenant la relance de ces activités en 2021 qui ont inversé la donne. En effet, la reprise en question implique une hausse de la demande en matière de ressources notamment énergétiques. Or, les restrictions précédant la relance ont notamment eu pour conséquence des pénuries de stock dans l’industrie.

Mis en parallèle avec la réouverture de l’économie mondiale, cela crée un déséquilibre majeur, mettant en danger l’activité de nombreuses industries énergétiques, ces dernières étant en manque de stocks alors que la demande accélère.

La hausse des prix qui en découle touche d’abord ces industries, mais ensuite bien entendu l’économie entière, et surtout les prix de consommation pour les ménages.

Pourquoi donne-t-on tant de poids au marché de l’énergie dans la question de l’inflation ? Il faut comprendre que le prix de l’énergie compte pour 8% dans le calcul de l’indice national d’inflation mentionné plus tôt.

Or, les prix de l’énergie sont actuellement en hausse dû à ce contexte de demande qui augmente et de manque de stocks. Nous développerons les causes de cette crise des prix de l’électricité et surtout du gaz dans la suite de cet article.

La crise de l’énergie : les causes et les conséquences

La crise des prix de l’énergie s’inscrit entièrement dans cette logique, mentionnée plus tôt, de la réouverture de l’économie mondiale. Les industries relancées lorsque les restrictions contre le Covid-19 avaient été levées demandaient bien entendu de l’énergie pour se remettre de pied.

La demande énergétique européenne est donc en hausse à un moment où les stocks d’énergie sont bas. Cela bouleverse nécessairement l’industrie des fournisseurs d’énergie, qui doivent payer leur énergie en gros, souvent importée, à des prix très importants. Leur solution pour contrer cette situation est d’augmenter leurs propres prix, et c’est en cela que la crise des prix touche les consommateurs.

La crise au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, les pouvoirs réglementaires imposent un plafond de tarif d’électricité et de gaz aux fournisseurs d’énergie. Ces derniers ne peuvent donc pas lutter contre leurs propres hausses de coûts de la même manière qu’en France. De nombreux fournisseurs d’énergie ont donc cessé leur activité au Royaume-Uni, et ce depuis le début de 2021 .

En France spécifiquement, comment se traduit la situation de pénurie énergétique ? Il faut savoir que le marché français de l’énergie repose sur un prix du kWh fixé par l’État, qui prend la forme de ce que l’on appelle le TRV (tarif réglementé de vente) d’électricité ou de gaz.

Ce TRV, et donc ce prix du kWh, n’est pas imposé à tous les fournisseurs d’énergie, puisque ceux-ci sont libres de fixer leurs propres prix. Néanmoins, il est évident que ce que fixent les autorités publiques a un poids non négligeable sur les décisions tarifaires des fournisseurs.

En effet, les fournisseurs historiques que sont EDF et Engie doivent, eux, proposer le prix du kWh réglementé à leurs clients sous une de leurs offres au moins. Les fournisseurs alternatifs, c’est-à-dire tous les autres, ont tendance à indexer leurs prix de vente par rapport à ces prix des fournisseurs historiques.

Quoi qu’il en soit, le marché entier est lié à la question du prix du kWh que fixe l’État sous la recommandation de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie). Ce prix est fixé en fonction des coûts actuels d’approvisionnement et de stockage de l’énergie, ainsi que des conditions globales du marché.

Or, dans la situation actuelle, les cours d’énergie et notamment de gaz sont en hausse majeure, les stocks étant bas et insuffisants pour la demande, et le prix du kWh réglementé augmente en conséquence. En voici les deux chiffres principaux :

  1. Une hausse du prix du kWh de gaz de 12,6% en octobre 2021.
  2. Une hausse du prix du kWh de l’électricité estimée entre 10 et 12%, prévue pour février 2022.

Concrètement, en ce qui concerne le prix du gaz pour les consommateurs, les hausses se décomposent ainsi :

  • Hors taxes : + 13,9%
  • Gaz pour la cuisson : + 4,5%
  • Gaz pour l’eau chaude et la cuisson : + 9,1%
  • Utilisateurs de gaz pour le chauffage : + 14,3%

À retenir : face à des prix importants de l’énergie en gros que traduisent ces augmentations du prix du kWh, l’activité des fournisseurs est mise en danger. Pour répondre à cette situation, ils augmentent leurs propres tarifs. C’est bien cette augmentation des prix qui s’est inscrite dans la mesure de l’indice de l’inflation d’octobre 2021 par l’Insee.

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À quoi faut-il s’attendre à court, moyen, et long-terme ?

Il est normal de se demander ce à quoi il faut s’attendre dans les mois à venir, ainsi qu’en 2022. Différentes autorités nationales et européennes se sont prononcées sur la situation actuelle, avec parfois des différences d’attitude.

Tous semblent cependant s’accorder sur le fait que si l’inflation n’est pas à nier, et durera encore jusqu’en 2022, ce qui est prévu est avant tout son ralentissement. Nous vous résumons les différents points de vue mis en avant dans les semaines passées.

D’après le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, l’inflation pourrait donc durer encore jusqu’à fin 2022. Pour les Français, cela signifie un certain recul de leur pouvoir d’achat et de la croissance du pays pendant cette période approximative.

La Banque Centrale Européenne (BCE) agit comme à son habitude, permettant aux États concernés de financer leurs plans de relance respectifs en maintenant des taux d’intérêt bas. Certains pays plus touchés que la France ne sont pas en accord avec cette stratégie – c’est notamment le cas de la Russie.

La Bank of England (BoE) est également plus prudente dans son optimisme : rappelons qu’au Royaume-Uni, l’inflation atteint une hausse de 3,1%.

D’après un communiqué, la Commission Européenne affirme que les effets principaux de l’inflation retomberont sur les prix de consommation dans multiples domaines, et donc sur le pouvoir d’achat des ménages européens, ainsi que sur l’investissement. Néanmoins, elle reste optimiste, la hausse de 2,4% en zone euro étant vue comme un pic qui retomberait au cours de 2022.

Le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, a affirmé ce 11 novembre dernier que “le tableau général reste positif, mais nous devons rester vigilants et agir si besoin pour que les vents contraires ne fassent pas dérailler la reprise” (citation tirée d’une conférence de presse à Bruxelles).

Quels facteurs pourraient de nouveau toucher la situation économique dans les mois à venir ? On peut revenir à la question des restrictions liées au Covid-19, dont l’effet sur l’activité économique du pays est désormais évident. En effet, on commence à parler d’une 5e vague de la pandémie, qui pourrait de nouveau lancer des périodes de ralentissement d’activité.

Que faut-il retenir ? Les prévisions actuelles n’indiquent pas de flambée importante des prix dans les mois à venir. L’inflation durerait encore 2 à 3 trimestres, touchant donc de manière maintenant certaine l’année 2022, mais ne serait pas plus intense qu’elle ne l’est actuellement.

Que faire si les factures énergétiques vous inquiètent ? Très concrètement, une bonne stratégie peut être de considérer vos options d’abonnement d’électricité et de gaz avec sérieux. Une des possibilités est de s’intéresser à des offres d’énergie fixes, qui vous garantissent une tarification stable pour une durée déterminée, et donc plus de sécurité dans le contexte actuel d’augmentation des prix.

Il est également possible, selon votre situation, que vous soyez éligible au chèque énergie que procurent les autorités publiques : pour plus d’informations à ce sujet, rendez-vous sur cette page du service public.

On recommande donc une attitude de prudence plus que d’inquiétude, et encore moins de panique. Il faut en effet s’attendre, selon les autorités, à un “tassement” des tendances inflationnistes en 2022.

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