Une politique favorable

Depuis bientôt 20 ans, le Japon a opté pour une politique stricte, pour faire face à l’augmentation des déchets dans le quotidien. En 2000, le gouvernement nippon adopte la loi “Basic Act For Establishing a Sound Material-Cycle Society”. Ce projet consiste à établir une société respectueuse du cycle de vie des matériaux, ainsi qu’une réduction de la consommation des ressources naturelles, pour limiter l’impact de la société sur l’environnement.

Pour développer facilement cette loi, un ordre de priorité des traitements des déchets a été mis en place. Cela permet d’optimiser de façon optimale le cycle de vie des produits. La priorité a été de réduire le plus possible le volume de déchets grâce à la révision des procédés industriels. Ensuite, le pays s’est penché sur la question de la réutilisation et du recyclage ainsi que sur la fin de vie des déchets avec un choix de l’élimination la plus appropriée.
En plus de cette liste des priorités, depuis 2003, le Japon met à jour son plan de gestion des déchets tous les 5 ans. Cela permet de l’adapter régulièrement en fonction des attentes du moment. Par exemple, lors de l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, le pays s’est retrouvé face à une nouvelle problématique : la gestion d’un volume important de déchets issus d’une catastrophe. Lors du nouveau plan de 2013, cette question a donc pu être abordée en priorité.

Sur l’archipel, chacun est acteur de la gestion des déchets, du gouvernement jusqu’aux consommateurs. L’Etat et les collectivités locales ont ainsi le rôle d’inciter les particuliers et les professionnels à agir et à punir les mauvais comportements. Selon la loi japonaise, deux principes sont à prendre en compte. Pour commencer, la “responsabilité étendue du producteur” qui concerne le degré de responsabilité des professionnels dans le recyclage et la gestion appropriée de leurs produits et déchets. Il est aussi important de comprendre, que chacun est responsable de recycler et d’éliminer de manière adéquate ses déchets (même les particuliers !).

De façon à montrer l’exemple, des Eco-Towns, villes “écologiquement avancées” appelées éco-villes, ont été mises en place au Japon. Elles servent de modèle dans leur région, en montrant des systèmes de gestion des déchets avancés. Aujourd’hui, on retrouve 26 “éco-villes” au Japon.

La gestion des déchets fait donc partie d’une des problématiques les plus importantes du pays et en 20 ans le pays a su redoubler d’efforts pour voir les objectifs être accomplis. La législation stricte a porté ses fruits. Depuis 1990, le volume de “déchets éliminés” connaît une réduction impressionnante, qui suggère la possibilité du zéro déchet dans les années à venir.

Des chiffres encourageants

En 2000, la productivité des ressources du Japon était de 248 000 JPY/tonne (Yen Japonais par tonne), avec un taux d’utilisation cyclique de 10% et un volume annuel de déchets éliminés de 56 millions de tonnes. Face aux chiffres le pays décidé de réagir et place des objectifs pour 2020, avec une productivité des ressources de 460 000 JPY/tonne, un taux d’utilisation cyclique de 17% et un volume de déchets éliminés de 17 millions de tonnes.
En seulement 3 ans, les objectifs ont largement été atteints, le pays est passé à une productivité des ressources de 378 000 JPY/tonne, un taux d’utilisation cyclique de 16,1% et un volume de déchets éliminés de 16,3 millions de tonnes.

Ces chiffres plus que positifs, permettent au Japon de tenir une bonne position mondiale dans la gestion des déchets. En 2015, les déchets (principalement issus de l’incinération de plastique et des huiles usagées) représentaient 2% des émissions totales de CO2 du pays. Tandis que pour la même période, en France, elles étaient de 4% et 3,2% en Europe.
De plus, en 2016, le Japon a produit 43 millions de tonnes de déchets. Ce qui représente, moins de 1kg par habitant et par jour. Ce sont les déchets ménagers qui sont les plus lourds, avec 70% contre 30% pour ceux des entreprises. Ces chiffres étaient en constante diminution depuis les années 2000, néanmoins depuis 2010 les chiffres subissent une stagnation. En France, on produit en moyenne 800 millions de tonnes de déchets par an…

 width=

Les déchets des entreprises représentent donc seulement 30% des déchets japonais, il est important de savoir que 95% de ces déchets sont produits uniquement par 5 secteurs. En premier, l’industrie manufacturière (particulièrement l’industrie sidérurgique ou encore celle du papier), ensuite les fournisseurs d’énergie. Suivis par l’agriculture et la sylviculture et pour terminer le secteur du BTP (la construction).

Malgré ces chiffres qui prouvent l’engagement du Japon pour favoriser le cycle de vie de ses déchets un problème persiste. Aujourd’hui les ¾ des déchets sont incinérés, tandis que seulement ⅕ sont recyclés.

La culture Kawaii, favorable à la transition ?

 width=

Pour lutter contre cela, les Japonais ont donc décidé de trouver des solutions favorables à une vie plus longue des produits du quotidien, en luttant contre ceux à usage unique. Cet engagement, se traduit dans les chiffres. En juin 2012, 98% des Japonais reconnaissaient l’importance de poursuivre les efforts afin de réduire la production de déchets et encourager le recyclage. De plus, 87% disaient déjà agir en faveur de cette transition

Le Japon est principalement connu dans le monde pour sa culture “Kawaii”, qui signifie mignon.. La culture kawaii se distingue par une liste d’éléments spécifiques mais elle est surtout connue pour être colorée, parfois excentrique et semble tout droit sortie d’un jeu vidéo ou d’un manga.

Des solutions “kawaii” ont donc été trouvées par les Japonais, pour encourager la culture du recyclage. Par exemple, le quotidien japonais Mainichi Shimbun, média le plus vendu au Japon (5,5 millions d’exemplaires par jour), a créé un format papier que l’on peut planter après l’avoir lu. Pour cela, il suffit d’émietter une page du journal, de l’enfouir dans un pot avec du terreau et au bout de quelques semaines, cela deviendra une jolie fleur.

Autre initiative originale, quand on se promène dans les rues de Tokyo, ce ne sont pas des agents de la ville vêtus de jaune ou de vert qui nettoient les rues. Mais des Samouraïs, armés de pinces à déchets, qui sont en pleine opération nettoyage des rues. Cela peut paraître complètement fou, mais cela permet d’aider à la transition écologique et de faire prendre conscience à chacun de ne pas jeter n’importe où ses déchets.

Des solutions ont également vu le jour pour les objets du quotidien, toujours dans l’objectif de limiter le développement des objets à usage unique. Par exemple des éponges durables, nommées Tawashi. Elles sont créées à partir de vieux tissus en coton, il suffit de tresser différents bouts de tissu ensemble afin d’obtenir un ensemble qui permet de nettoyer efficacement et qui peut être lavé pour servir le plus longtemps possible. Les oriculi sont également apparus au Japon, il s’agit d’une fine tige en bambou, qui remplace les cotons-tiges. Il n’y a pas de coton au bout, ce qui permet de le nettoyer après utilisation, pour qu’il puisse servir à nouveau. Cet objet est apparu depuis quelques années en France, on peut le trouver notamment dans les enseignes spécialisées, comme les magasins bio. On peut également évoquer les Furoshiki, qui sont des tissus carrés qui servent de sac ou encore d’emballage, pour limiter l’utilisation de sachet en plastique qui sont très pollueur.

Un mode de vie paradoxal

 width=

Néanmoins, face aux nombreuses mesures mises en place par le gouvernement, un paradoxe perdure. Si le Japon est, dans les clichés populaires, le pays des cerisiers en fleur et du soleil levant, il est également le royaume du suremballage.
Ici tout est emballé 2 ou 3 fois, pour être sûr que le produit ne se détériore pas ou n’entre pas en contact avec d’autres. Si vous vous baladez dans un supermarché, vous vous demanderez surement si vous n’êtes pas arrivé dans le royaume du plastique. Par exemple, les carottes ou les oignons seront emballés individuellement dans un sachet en plastique et si vous en prenez plusieurs, ils seront bien sûr enfermés dans un nouveau sachet. Pour les barres chocolatées, c’est pareil, elles sont emballées dans un sachet (comme en France), mais ce sachet est lui même protégé par un autre emballage. Même fléau dans les restaurants à emporter, presque chaque aliment est séparé dans une boîte en plastique et si vous souhaitez manger sur place, il y a des chances que l’on vous donne des couverts … en plastique.

En somme, malgré les nombreuses actions mises en place, beaucoup reste à faire dans les habitudes de consommation des Japonais où le plastique et la surconsommation semble faire parti intégrante du mode de vie. Ce qui n’est pas vraiment Kawaii…

Commentaires

bright star bright star bright star bright star grey star

Pour en savoir plus sur notre politique de contrôle, traitement et publication des avis cliquez ici